Le président français Emmanuel Macron dévoilera jeudi sa réponse tant attendue à près de six mois de manifestations dans les rues, alors qu’il présente des plans de réforme qui pourraient s’avérer décisifs pour son avenir politique.

Macron, 41 ans, est arrivé au pouvoir en 2017 dans l’espoir d’être une bouffée d’air frais pour la France.

Mais au cours des six derniers mois, l’élan de sa présidence s’est essoufflé à la suite de l’émergence du mouvement anti-gouvernemental « gilet jaune » qui a organisé des manifestations hebdomadaires contre les inégalités sociales.

Le discours de jeudi, prévu à 16h00, verra Macron tenir sa toute première conférence de presse nationale complète pour présenter une série de réformes élaborées après un vaste exercice d’écoute lancé en réponse aux manifestations.

Il devrait annoncer une série de mesures importantes mais non révolutionnaires, notamment des réductions d’impôts pour la classe moyenne et la réévaluation des petites pensions, deux mesures qui faisaient partie des revendications des manifestants des gilets jaunes.

Mais la plupart des réformes sont déjà connues après des fuites dans la presse, y compris la fermeture probable de l’école d’administration de l’ENA qui est devenue un pourvoyeur direct de l’élite française.

Mais la manière dont le président – critiqué par les opposants pour son apparente distanciation face à la montée des problèmes sociaux – gérera l’événement sera d’une importance cruciale.

« Le moment de vérité », a déclaré le journal Le Parisien. « C’est le rendez-vous crucial de Macron avec le pays », ajoute Le Figaro ; « Agissez vite ».

M. Macron prononcera probablement une brève allocution de 20 minutes qui exposera  » plusieurs approches et une orientation  » en réponse à la crise, puis il répondra aux questions des journalistes français et étrangers, ont indiqué des assistants.

Tout l’échange, point culminant de son « Grand Débat National » où Macron a entendu les plaintes du français ordinaire, sera retransmis en direct à la télévision française.

Macron, qui sera entouré de membres de son cabinet, sait qu’il doit  » agir très rapidement pour établir un calendrier  » des réformes à annoncer, a déclaré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Plutôt que de changer les réformes qui ont été divulguées plus tôt cette semaine, l’idée est que Macron va les « expliquer ».

Mais il risque d’être confronté à une lutte difficile, avec un sondage Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde montrant que plus des trois quarts des Français ne pensaient pas que ce processus améliorerait la situation politique.

Pour Macron, connu pour favoriser la surprise et le geste dramatique, les enjeux sont énormes.

Les sondages d’opinion montrent que sa popularité est restée inchangée ou même inférieure à 30 %, bien loin des jours enivrants qui ont suivi son investiture, lorsque sa cote de popularité a dépassé 60 %.

Macron a déjà l’œil sur l’élection présidentielle de 2022, bien conscient que ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont tenu qu’un seul mandat et n’ont pas réussi à mettre en œuvre des changements durables.

L’enjeu n’est pas seulement son ambitieux programme de modernisation de la France, mais aussi son statut d’homme d’État mondial capable de tenir tête au président américain Donald Trump et de diriger l’Europe alors que la chancelière allemande Angela Merkel se met à l’écart et que la Grande-Bretagne est occupée par le Brexit.